mercredi 27 janvier 2016

QUAND LES RESPONSABLES LR SE DRAPPAIENT DES COULEURS LMPT

Par Edouard in Boulevard Voltaire



Cette fois, on y est : les Républicains livrent en sacrifice LMPT

En fait, ils sont des boursicoteurs. L'oeil rivé sur la courbe d'opinion, ils s'interrogent : quand faut-il rentrer ou sortir de la tendance ?

En des temps immémoriaux – et encore aujourd’hui dans les tribus amazoniennes -, on ne se faisait pas la guerre pour une terre, des richesses ou des fétiches, mais parce que la tribu voisine avait volé une femme ou un enfant. L’union entre un homme et une femme a construit la paix la plus durable qui soit entre clans, et avec la fidélité aux liens charnels et de filiation, elle est le ciment de la société depuis l’aube de l’humanité. C’est ainsi qu’une quelconque peuplade gallo-romaine est, au fil des alliances, devenue la France.

Le 13 janvier 2013, une immense foule envahissait pacifiquement Paris à l’appel de quelques volontaires inconnus et déterminés, pour clamer leur attachement à ces liens vieux comme le monde. Une poignée de sorciers fous avaient décidé de les briser, comme ils ont fait avec tout le reste depuis ces quarante années où ils ont inlassablement mis à bas les rites, les principes et les coutumes, en salissant la mémoire des ancêtres.

Devant l’ampleur et la durée de cette mobilisation inédite, bien des princes et des gourous ont défilé pour s’attirer les faveurs du bon peuple en marche, promettant leur soutien, affirmant leur attachement à la famille, défilant en tête de la marée humaine, comme jamais de leur vie ils n’auraient imaginé pouvoir l’être : emportés, la main crispée sur la banderole de tête, le sourire figé pour les photos, aux côtés des saltimbanques amateurs qui avaient organisé un tel cirque. Messieurs Sarkozy, Juppé, Coppé, Estrosi, madame Pecresse et consorts se sont drapés dans les trois couleurs ciel, rose et blanc, charmant symbole de la nation.
Vint ensuite le temps des élections et celui des attentats. Impossible de manifester, braves gens, restez donc chez vous. Voici certains d’entre vous désignés pour quelque poste électoral, ici au bord de l’eau, dans la chefferie d’Alain, le grand sorcier blanc, là-bas avec Valérie au casque d’or, plus loin sur les rivages auprès de Christian, enfin au plus près de Nathalie, celle qui parlait à l’oreille de Nicolas, l’ancien roitelet de la forêt.


À présent que tous ces chefs sont installés dans leurs nouvelles cases, la supercherie éclate : tels les négriers amadouant la populace avec des verroteries, ils ont attiré à eux nombre de rameurs. À la force de leurs bras, ils ont gagné la haute mer. Ils se délestent maintenant de cette main-d’œuvre devenue encombrante.

On pourrait citer une par une ces mises à mort, en décortiquer les modes opératoires, les manipulations gazettières, les raffinements infinis et les subtilités précieuses de ces réducteurs de têtes. Mais les plus splendides sont celles de Nicolas Sarkozy et de Jean-François Copé, le chef de clan qui s’était vu chef de file. Jusqu’ici en exil au plus profond de la forêt, le voici de retour dans la clairière. Comment faire reparler de lui, de sa vie, de son œuvre et agiter la ruche autour de lui ? Emporté dans l’élan, il déclare avoir soutenu le mouvement contraint et forcé, l’épée dans les reins, pris en otage par les nervis, dans le désir intense de « faire barrage au Front national ». À présent, il a réfléchi et le regrette amèrement…

Double page dans les gazettes. Et Sarkozy ? Punch line de son dernier bouquin : « Je ne reviendrai pas sur le mariage pour tous. » Trois ans après le début du mouvement, voici les grands prêtres Sarkozy, Copé, Juppé réunis sur la dépouille de la Manif pour tous, livrée en sacrifice à la mode aztèque sur la pyramide de « Les Républicains ».

Dieu merci, la France n’est pas encore une tribu en voie de disparition. Nos hommes politiques ne sont pas non plus des sorciers. En fait, ils sont des boursicoteurs. L’œil rivé sur la courbe d’opinion, ils s’interrogent : quand faut-il rentrer ou sortir de la tendance ? La Manif pour tous n’a pas échappé à leur sagacité. Mais il arrive que parfois, même chez les Indiens, les courbes crèvent le plafond, et ceux qui n’ont pas intégré les fondamentaux se font sortir.

Maxime de La Devèze

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