GPA : la "Manif pour tous" prend à partie Sarkozy
TRIBUNE - Ludovine de La Rochère est présidente du mouvement "La Manif pour tous". Elle réclame "l'abolition universelle de la GPA" et interpelle à ce sujet Nicolas Sarkozy après ses récentes déclarations dans des "médias chrétiens" : elle lui reproche ses "évolutions ou révolutions".
"La France devrait prendre une initiative internationale pour que les pays qui autorisent la gestation pour autrui la réservent à leurs nationaux." Ces propos tenus cette semaine par Nicolas Sarkozy lors d’un entretien accordé à des médias chrétiens sont inquiétants. Car cette posture revient ni plus ni moins à accepter la pratique des mères porteuses dès lors qu’elle est pratiquée dans d’autres pays. Or, face à ces formes nouvelles d’exploitation des femmes et de trafic d’enfants, il n’est pas envisageable de fermer les yeux. La politique implique en principe d’avoir une ambition. Et en la matière, le seul objectif conforme aux droits humains est de viser l’abolition universelle de la gestation par autrui (GPA). Car la dignité de la femme n’a pas de frontière, tout comme le droit de l’enfant de ne pas être séparé de sa mère pour être donné ou vendu. Ce qui est inacceptable dans l’hexagone l’est tout autant dans des pays émergents où les usines à bébé sont un scandale intolérable.
Dans un monde en crise, dans une société instable, il nous faut plus que jamais des responsables politiques à la hauteur des enjeux, constants et cohérente . Mais quel crédit accorder à un prétendant à l’Elysée dont les propos et positions connaissent des (r)évolutions au fil des mois? Comme le rappelait justement Nicolas Sarkozy lors d’un meeting le 15 novembre 2014, "il ne sert à rien de se déclarer opposé à la GPA sans avoir le courage de réviser la loi Taubira".
Dans notre code civil, comme partout ailleurs, le mariage entraine la filiation. Le mariage "pour tous" permet donc aussi aux couples de même sexe d’adopter. De très nombreux Français l’ignorent encore. Or, les sondages le montrent : ils sont majoritairement opposés à l’adoption par deux hommes ou deux femmes. En outre, il y a très peu d’enfants à adopter (25 000 couples agréés pour moins de 3.000 adoptions au total par an). Ne pas oser revenir sur la loi Taubira, c’est donc accepter de facto la "fabrication" volontaire d’orphelins de père via la procréation médicalement assistée (PMA) "sans père" pour les couples de femmes ou les célibataires, et d’orphelins de mère via la GPA. C’est aussi confondre paternité et maternité, père et mère, comme s’ils étaient interchangeables et remplaçables.