Marie-Jo Bonnet, lesbienne, féministe, de gauche et opposée à la PMA et à la GPA
Par Eugénie Bastié le 21/07/2014 à 15:41 Publié le 18/07/2014 à 14:19
Marie-Jo Bonnet est historienne, spécialiste de l'histoire des femmes. Militante active de la cause féministe, elle participe dans les années 1970 au MLF (Mouvement de Libération des Femmes) et à la fondation des «Gouines rouges». Dans son dernier livre Adieu les rebelles! (Café Voltaire, 2014), elle marque son opposition au mariage pour tous, signe selon elle de l'échec de la contre-culture homosexuelle et de la réddition des gays au conformisme petit bourgeois.
FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - Militante du MLF et fondatrice des «gouines rouges», Marie-Jo Bonnet s'est démarquée du mouvement LGBT par son opposition au mariage pour tous, à la PMA et à la GPA. Elle a accordé un entretien au Figarovox.
Figarovox: Militante historique de la cause féministe, fondatrice des «gouines rouges», vous vous êtes démarquée du mouvement LGBT en vous opposant au mariage pour tous. Vous avez co-signé un appel- avec Jacques Delors, Sylviane Agacinzki et Lionel Jospin notamment- dans Libération pour que le Président de la République interdise les mères porteuses. Pourquoi êtes-vous opposée à la GPA?
Marie-Josèphe Bonnet: Plusieurs raisons font que je m'oppose aux contrats de mère porteuse. D'abord parce qu'il s'agit d'une exploitation du corps de la femme par des hommes ou des couples aisés. Ces contrats étendent de manière presque illimitée le domaine du marché. Tout s'achète, tout se vend, y compris le pouvoir procréateur des femmes. Ce qui était un acte gratuit devient un acte marchand. C'est le retour de la lutte des classes dans le domaine de la procréation.
Tout s'achète, tout se vend, y compris le pouvoir procréateur des femmes. Ce qui était un acte gratuit devient un acte marchand. C'est le retour de la lutte des classes dans le domaine de la procréation.
C'est donc une instrumentalisation des femmes qui mène à la négation des mères. La CEDH a ainsi condamné la France pour avoir refusé d'inscrire le père biologique d'un enfant issu d'une mère porteuse sur l'état civil, mais pas pour avoir ignoré sa mère biologique, qui n'existe donc pas. Il s'agit donc d'un retour à la «lignée spermatique» caractéristique d'une société patriarcale, où la reconnaissance symbolique est donnée par le père, la mère étant niée.