dimanche 29 mai 2016

LUDOVINE DE LA ROCHERE REAFFIRME SA VOLONTE DE DESCENDRE DANS LA RUE

Par Edouard in Valeurs Actuelles

Changement de sexe, GPA... La Rochère : « S’il le faut, nous redescendrons dans la rue ! »

La présidente de La Manif Pour Tous prévient : "Je constate le souhait de descendre dans la rue, peut-être plus fortement encore qu’en 2013 et 2014". 

Famille et Justice. Dans son "projet de loi sur la justice du XXIè siècle", le garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas introduit la privatisation du divorce, la facilitation de changement de sexe et d'identité, et la possibilité de célébrer des PACS en mairie. Des dispositions qui n'ont pas suscité beaucoup de réactions chez les politiques. "Il faudra bien que la droite finisse par oser parler de la famille et le fasse avec courage et détermination", leur lance la présidente de La Manif Pour Tous, Ludovine de La Rochère. Entretien.

VA. Que reprochez-vous au projet de loi sur la Justice du XXIè siècle porté par le garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas ?

Ludovine de La Rochère.
Ce projet de loi est théoriquement destiné à réorganiser la justice, mais il inclue des sujets qui n’ont rien à voir comme le changement de prénom et d’identité sexuelle, la privatisation du divorce par consentement mutuel ou encore la célébration des PACS en mairie. Ces projets, une fois de plus, prétendent « libérer » l’individu, quitte à saper ce qui structure et cimente la société. Le projet de loi voté par l’Assemblée nationale ferait du changement de prénom une simple formalité, et du changement de sexe une procédure très simple, ne nécessitant que quelques attestations que n’importe qui peut obtenir. L’Inter-LGBT, qui souhaitait un changement de sexe uniquement déclaratif, se déclare très déçue. Elle parle même d’une « atteinte à la dignité des trans ». Cette réaction est une posture stratégique : en réalité, changer de sexe à l’état civil deviendrait si facile et rapide que le basculement est déjà là. En effet, si la loi devait passer, il n’y aurait plus ni constat médical ni irréversibilité : en fait, on n’est pas du tout sur la sujet de la transsexualité comme il en était question, mais dans celle du transgenre, qui est toute autre. Ainsi, une femme pourrait se faire reconnaître comme homme tout en restant femme. « Il » pourrait donc, par exemple, devenir mère. On est dans la confusion totale des sexes !


La privatisation du divorce par consentement mutuel est une aberration qui fera de nombreuses victimes. Le mariage est une institution et non un contrat de droit privé. Or le droit concrétise le sens : si le mariage est une institution, c’est qu’il est une affaire publique, un événement social, comme l’attestent la publication des bans, la célébration devant un officier d’état-civil et la porte ouverte de la salle de mariage. La privatisation du divorce est donc en contradiction avec le statut du mariage. D’autre part, même lors d’un divorce par consentement mutuel, l’équilibre entre les époux qui organise leur séparation n’est pas du tout garanti. Par définition, le divorce signe en général un contexte difficile, une relation qui ne fonctionne pas, ce qui signifie un accord négocié dans de mauvaises conditions avec, bien souvent, l’un des deux qui signe par épuisement, faiblesse, peur, contrainte économique, urgence, etc. Plus grave encore est la situation des enfants. Vulnérables, ils sont pris entre les deux partis, les deux parents souhaitant bien souvent convaincre leurs enfants qu’ils sont la victime de l’autre… Pour ces raisons, l’intervention  d’un tiers extérieur – en dépit de ses limites et de ses failles – est indispensable pour, au moins, vérifier l’équilibre de l’accord et veiller au respect de l’intérêt de l’enfant.

J’en viens, enfin, à la célébration du PACS devant le maire. Ce contrat étant de droit privé, c’est également une aberration. Mais surtout, cela donne au PACS l’apparence d’un engagement proche du mariage, alors que ce n’est pas le cas. En mimant le mariage, le PACS en relativise la portée et la force. Le mariage doit au contraire être renforcé puisque c’est le cadre le plus stable et le plus protecteur pour les enfants comme les adultes. Il doit être promu comme tel et, notamment, en étant visiblement différent des autres formes d’union.

VA. Vous dénoncez la « privatisation du divorce ». Qu’est-ce que cela signifie ?

Ludovine de La Rochère. La privatisation du divorce, cela signifie que le divorce n’est plus acté par un juge. Les époux font appel à des avocats. Le divorce devient donc une affaire privée. Quant aux enfants, s’ils veulent l’intervention d’un juge, c’est à eux de la réclamer. Comme si des enfants pouvaient avoir l’idée de réclamer cette intervention ou comprendre les enjeux si on leur en parle ! C’est d’une incroyable hypocrise. Tous ceux qui ont été confrontés de près ou de loin au divorce savent bien que les enfants ont déjà bien assez de mal à comprendre ce qui arrive, à se demander où est leur place, etc. Une fois de plus, ce sont les plus faibles, les enfants, qui risquent d’être les victimes. Sachant que plus de la moitié des divorces se font par consentement mutuel parce que c’est moins cher, on réalise le nombre très important d’enfants potentiellement concernés.

VA. Comment expliquez-vous la quasi absence de réactions à droite comme à gauche ?

Ludovine de La Rochère. Sur la question du prénom et de l’identité sexuelle, je suppose que les politiques ont vraiment cru que le projet ne concernait que la transsexualité, sujet éminemment douloureux et délicat, sur lequel ils n’osent pas s’exprimer. C’est sans doute ce qui explique qu’ils aient été absents durant les débats et qu’ils n’aient manifestement même pas lu le texte, donc pas vu quel était réellement le sujet. Il faut dire que, depuis quelque temps, on a vu apparaître les notions nouvelles de « transphobie » et de « biphobie ». Le risque de telles accusations les inquiètent peut-être… ce qui est désolant.

Quant à la privatisation du divorce, elle a suscité l’opposition des juristes et des associations familiales et féministes de toutes sensibilités philosophiques et politiques, mais il est vrai que les leaders politiques ne s’y sont pas intéressés. Il faudra bien que la droite finisse par oser parler de la famille et le fasse avec courage et détermination. Il sera difficile, autrement, de faire croire aux électeurs qu’ils auront le cran de mener les réformes dont la France a besoin dans tous les domaines, notamment économiques.

VA. Certaines associations évoquent une pression « inouïe » exercée par l’inter LGBT sur François Hollande. Observez-vous la même chose ?

Ludovine de La Rochère. Oui, en effet, depuis des mois, la pression est fortement montée. Le discours tenu est que, finalement, le mariage et l’adoption pour deux femmes ou deux hommes ne sont pas grand-chose, que François Hollande n’a pas tenu les promesses importantes dont celle, en particulier, de la PMA « sans père ». Les médias proches de la LGBT écrivent même que François Hollande a cédé devant La Manif Pour Tous, voire a voulu lui plaire, ce qui est tout de même pousser le bouchon un peu loin ! Et donc, pour montrer que ce n’est pas le cas, il devrait au moins faire passer le changement d’identité sexuelle d’ici la fin de son quinquennat. Comme vous le comprenez, il s’agit d’un véritable chantage : « si notre revendication n’est pas entendue, nous mènerons une campagne infamante contre vous d’ici à 2017 » ! Les lobbies LGBT n’hésitent pas à recourir à des méthodes de pression contestables.

VA. Vous envisagez d’organiser une grande manifestation, comme celles contre le mariage homosexuel qui avaient rassemblé des centaines de milliers de personnes en 2013…

Ludovine de La Rochère.
Je voyage partout en France et constate, systématiquement, une inquiétude sans précédent, une véritable angoisse, pour la famille, les générations à venir, la transmission de valeurs, la culture française, l’éducation des enfants, leur accès au marché du travail... Le mécontentement atteint des proportions incroyables pour ce qui concerne la politique menée par François Hollande et Manuel Valls. Quant à la droite, elle paraît trop souvent engluée dans des stratégies électorales plus personnelles que favorables à l’intérêt général, c’est peu de le dire. L’effet est dramatique. Les Français se sentent méprisés et abandonnés par des politiques déconnectés et indifférents à ce qu’ils vivent. Partout, je constate le souhait de descendre dans la rue, peut-être plus fortement encore qu’en 2013 et 2014. L’état d’urgence sera levé dans quelques semaines. S’il s’avère nécessaire de retrouver le chemin des pavés pour être écoutés, nous y sommes prêts.

VA. Craignez-vous toujours que le gouvernement autorise la PMA ?

Ludovine de La Rochère.
Cette revendication est dans la continuité de la loi Taubira. Dès lors que deux personnes se marient et obtiennent un livret de famille, elles demandent à bénéficier de tous les moyens pour avoir un enfant. C’est le prétendu « droit à l’enfant » contre lequel nous nous battons depuis 2013 pour faire respecter le « droit de l’enfant ». Et notre action est un succès. Grâce à la mobilisation continue du mouvement, la PMA « sans père » et la GPA (Gestation Par Autrui, c’est à dire le recours à une mère porteuse) sont toujours interdites dans notre pays. Mais nous savons d’ores et déjà que la PMA « sans père » fera partie des promesses de Hollande s’il est candidat à sa réélection. Et d’ici là, je pense que le Président est tout à fait capable d’aller en ce sens pour des raisons électoralistes. L’opportunité pourrait se présenter, d’ailleurs, puisqu’il est en train de compléter le renouvellement qu’il avait déjà commencé des membres du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) et que le nouveau Comité pourrait rendre « enfin » l’avis qu’il attend depuis maintenant 3 ans sur la PMA « sans père », avis qu’il suivrait, avait-il dit. Ce comité n’est pourtant, comme son nom l’indique, que « consultatif ». Mais on retrouve bien là la personnalité du Président : attendre de voir et suivre… mais accélérer s’il peut y avoir un intérêt électoral personnel. De fait, comme La Manif Pour Tous l’a démontré dans son « Vrai Bilan » des 4 années de présidence de Hollande, il a déjà largement sacrifié l’intérêt supérieur de l’enfant, avec la loi Taubira et autres mesures anti-famille, pour plaire à son électorat. Bref, la PMA « sans père » va évidemment revenir sur le devant de la scène. Mais que ce soit avant la Présidentielle, ou après, s’il était réélu, je peux vous garantir que les Français seront immensément nombreux à se mobiliser.

VA. En matière de politique familiale, Jean-Jacques Urvoas est-il plus dangereux que Christiane Taubira ?

Ludovine de La Rochère.
Je ne saurai dire s’il est plus ou moins que sa prédécesseur, mais il est clair qu’il l’est au vu de ce projet de loi. Il dit vouloir la privatisation du divorce par consentement mutuel pour des raisons pratiques et économiques. Pour ma part, j’ai peu confiance dans les affirmations des ministres de Monsieur Hollande ! Quoiqu’il arrive, le résultat sera désastreux pour beaucoup de nos concitoyens. Et malheureusement, jusque là, ce que nous avons anticipé et annoncé est toujours survenu.

   

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