samedi 7 mai 2016

GPA: #JEVOUSFAISUNELETTRE

Par Edouard in Génèthique




#JeVousFaisUneLettre : Une campagne virale contre la GPA


Alors que la SPA a lancé sa campagne d’affichage dans le métro parisien pour s’insurger contre les mauvais traitements infligés aux animaux, la « Manif pour tous » reprend le flambeau et s’invite sur les réseaux sociaux avec une campagne dénonçant la GPA. A son tour, elle s’adresse à « Monsieur le Président, #JeVousFaisUneLettre… »

Ludovine de la Rochère, Présidente de la Manif pour tous, répond aux questions de Gènéthique sur cette nouvelle campagne virale.
Gènéthique : Pourquoi cette initiative ?
Ludovine de la Rochère : La campagne de la SPA dénonce de façon juste quelque chose de scandaleux. Nous avons voulu détourner cette campagne par ailleurs légitime, parce que ce qui touche la personne humaine est encore plus grave. Interpeler l’opinion publique sur la question des animaux est une bonne chose, mais ce qui se passe pour les être humains est évidement plus important.
Aujourd’hui, on parle beaucoup d’écologie, de respect des animaux, des végétaux, mais s’ils sont à respecter, c’est parce que qu’ils sont nécessaires à l’homme. L’homme qui doit respecter la nature pour la transmettre aux générations futures.
Pour nous, il s’agissait de montrer avec humour qu’il est grand temps de s’occuper de l’être humain, le grand oublié de notre société. Sans doute parce que le sujet est trop angoissant, peut-être par pudeur, par timidité ? Il était important d’interpeler sur ces sujets graves, sur un ton qui ne l’était pas, pour aider à se poser des questions, de bonnes questions.


G : Comment avez-vous organisé cette campagne ?

LdlR : Nous avons orienté la campagne, exclusivement via les réseaux sociaux, autour des pratiques illégales qui n’existent pas en France, et d’autres qui, sans être légales, se passent en France. Aucune n’est acceptable.
Aujourd’hui, il suffit d’aller faire un tour sur Internet pour se rendre compte qu’il y a des jeunes femmes françaises qui se rendent disponibles pour être mère porteuse. Pour autant, le phénomène reste très minoritaire : la GPA est illégale et n’offre aucune garantie pour les parents d’intention, si la femme veut garder le bébé par exemple… S’il n’existe pas d’usine à bébé en France, la complicité avec ce trafic est tout aussi inacceptable.
Quant à la GPA à l’étranger, le choix se fait sur catalogue. Aux Etats Unis, la donneuse d’ovocytes et la mère porteuse sont différentes. Pour la mère porteuse, les contrats sont très durs, avec des explorations très intrusives : elles sont sélectionnées en fonction de leur patrimoine génétique, on refait leur généalogie jusqu’aux grands parents pour vérifier leur comportement psychique, psychologique. Ce qu’elles mangent est surveillé… De leur côté, les clients moins fortunés se tournent vers le « low cost ». Dans des pays comme l’Inde, la mère porteuse est la mère légale, mais elle abandonnera ses droits sur l’enfant, une des clauses inscrites dans le contrat qu’elle a signé, mais que bien souvent, elle ne comprend pas.
En Angleterre, la GPA est autorisé sous couvert d’« altruisme », même si les femmes reçoivent de l’argent. Si elles sont peu nombreuses à accepter de porter l’enfant d’un autre, la légalité de la pratique dans leur pays donne bonne conscience et les anglais n’hésitent pas à se rendre à l’étranger. Quoiqu’il en soit, qu’elle soit altruiste ou non, la pratique demeure inacceptable.

G : Quel était votre objectif en reprenant cette campagne ?
LdlR : Je constate qu’il y a beaucoup de désinformation sur ce sujet et d’ignorance sur ce qui se passe dans la réalité et peu de personnes se sentent peu concernées. Globalement, les Français restent très opposés à la GPA, et l’opinion publique est notre première cible… Les politiques réagissent quand les Français réagissent…
L’objectif de cette campagne est d’abord de rectifier l’information : aujourd’hui la GPA est interdite en France, mais elle est tolérée. Elle remet en cause le statut particulier de l’être humain qui fait, dans ce cas, l’objet d’un contrat, et qui peut être traité comme un produit ou un service.
L’injustice faite aux enfants trouve peu d’écho : les journalistes sont mal à l’aise et parfois coupent le micro. Les animaux sont mieux traités que les hommes, le sujet est plus consensuel, moins polémique, plus facile.
Du côté de la femme, la grossesse est appréhendée dans une dynamique très matérialiste, on parle de location d’utérus, comme s’il s’agissait de la simple mise en location d’un être humain. Or la dignité de cet être humain nous concerne tous ! Et il s’agit de défendre le statut de la femme.
Cette campagne va plus loin que celle de la SPA. Elle va au-delà de la simple question de la légalité, elle porte sur quelque chose de plus fondamental : est-ce qu’on est dans le mauvais traitement de la personne ? Force est de constatée que la violence faite aux femmes et aux enfants est une violence majeure.

G : Quelles réactions avez-vous suscitées ?
LdlR : Nous avons eu un très bon retour les premiers jours. Les questions posées, les constats et les interpellations sont incontestables, et personne, quelle que soit ses opinions, n’a contesté ce qui se pratique en France ou avec la complicité de la France. Au-delà de la légalité, la campagne questionne sur la normalité de cette pratique, est-ce acceptable ?
De ce point de vue, la campagne a déjà frappé juste, de façon très précise et c’est très encourageant. Nous n’en sommes qu’au début d’un travail plus vaste, qui concentre en lui-même tout un ensemble d’enjeux.

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