lundi 21 mars 2016

GPA: DISCOURS DE LUDOVINE AU CONGRES UN DE NOUS

Par Edouard

La GPA est un véritable condensé, concentré, de tout ce que nous dénonçons

Intervention de Ludovine de La Rochère  au Congrès Un de Nous :


"La GPA est un véritable condensé, concentré, de tout ce que nous dénonçons, et même au-delà :

1/ La GPA, c’est bien-sûr, l’exploitation de la femme et le trafic d’enfants. Je ne m’étends pas là-dessus, je pense que ces aspects de la GPA sont évidents pour vous tous.

2/ La GPA revient à considérer la femme comme un moyen de production, ceci en précisant que la grossesse ne concerne pas seulement l’utérus contrairement à ce que peut laisser penser l’expression maladroite de « location d’utérus ». La grossesse concerne la femme dans tout son être – corps, mais aussi psychisme -, non seulement dès la conception et durant toute la grossesse, mais aussi l’accouchement et ensuite. Je reviendrai sur ce point.

3/
Avec la GPA, l’enfant, il est considéré comme un produit. Il fait d’ailleurs l’objet d’un contrat.

Ainsi, 4/ dans le contexte de la GPA, l’être humain change de statut.

De fait, se comporter à l’égard d’une personne comme son propriétaire (par exemple en le louant, en le donnant ou en le vendant), c’est le principe même, attesté par le droit, de l’esclavage.

5/ La GPA déconnecte de manière radicale la sexualité et la procréation, mais aussi la grossesse, l’enfantement et l’enfant lui-même. Elle déconnecte aussi le couple et son enfant, les parents et leurs enfants et enfin, l’enfant et sa fratrie (les embryons congelés et les autres enfants de la mère porteuse).


6/ La GPA, c’est également une série de ruptures : du corps de l’homme et de la femme (les cellules sexuelles sont prélevées), du milieu naturel de la conception (FIV), de la mère génétique (qui n’est pas la mère porteuse), de la mère porteuse (à laquelle l’enfant est arraché), du pays de l’enfant (la plupart du temps, les commanditaires sont étrangers au pays de la mère de l’enfant)…

7/ La GPA, c’est bien-sûr aussi l’émiettement de la filiation jusqu’à un point qui a nécessité l’invention de mots nouveaux, comme celui de parent « social ». L’enfant peut en effet avoir jusqu’à 5 « parents » (mère donneuse d’ovocyte, mère porteuse, père donneur de sperme + deux pères « sociaux » ou un père et une mère « sociaux »). Mais, au final, l’enfant né de GPA peut être commandé par un homme seul, donc n’avoir plus qu’un parent « social », autrement dit, même pas de mère du tout. Un comble !

Si vous reportez cette filiation délirante au-delà de la génération des parents, vous verrez que l’enfant peut avoir jusqu’à 10 grands parents. Et vous constaterez aussi, qu’au final, il n’a plus de grand parents, tant la GPA noie la filiation.

Ainsi, la GPA fait de l’enfant un être hors-sol, surgi d’on ne sait plus où. Il ne s’inscrit plus dans une chaîne des générations, ce qui est pourtant le propre de tout être vivant, humain et même animal.

8/ S’ajoute à cela la tragique déconnexion entre le biologique, le psychologique et l’affectif
: on fait comme si tout n’était pas étroitement lié : on ne voit la mère que comme une gamète sexuelle, puis comme un utérus nourrisseur, et non comme une personne apportant aussi bien soins et nourritures qu’attention, amour, sécurité, stabilité, histoire de vie et ressemblances – c’est-à-dire identification et identité - à l’enfant ; et on ne voit l’enfant que comme un être inconscient qui, jusqu’après la naissance, n’est pas supposé ressentir, sentir, éprouver, etc.

Or, évidemment, la mère et l’enfant ne peuvent être déconnectés de leur histoire, et en particulier de leur histoire commune : et même si la mère porteuse se met en situation de déni de grossesse – ce qui arrive souvent avec la GPA -, leur chair et leur psychisme à tous les deux sont marqués à tout jamais par ces 9 mois passés ensemble ! Sans parler de l’aspect génétique, qui lie la mère donneuse d’ovocyte et l’enfant – et de l’épigénétique - qui lie la mère porteuse et l’enfant.

9/ La GPA, c’est aussi, hélas, la fin de la maternité – puisqu’on ne sait plus qui est la mère – entre la mère donneuse d’ovocyte et la mère porteuse. A ce sujet, j’ai appris récemment que les pro-GPA souhaiteraient que l’on ne parle plus, désormais, de « mère porteuse », mais plutôt de « femme porteuse » : en effet, d’après eux, la mère porteuse, quoiqu’ayant attendu cet enfant pendant 9 mois et l’ayant mis au monde, n’est pas mère !

Ce fait même est une révolution anthropologique majeure : jusqu’aujourd’hui, pour toutes les sociétés humaines, je dis bien pour toutes les sociétés, sans exception, le lien entre la mère et l’enfant en était le cœur, puisque ce lien – en raison de la grossesse – n’était pas contestable. Le lien avec le père, en revanche, n’est devenu incontestable – juridiquement parlant j’entends - qu’avec le mariage, celui-ci ayant instauré la présomption de paternité… Certes, dans les faits, l’époux n’est peut-être pas toujours le père de l’enfant… mais il est considéré comme tel. Le mariage a pour première finalité de sécuriser l’enfant et la mère, c’est-à-dire d’éviter que le père ne se défile de sa responsabilité. Ce faisant, le mariage protège aussi le père, dans le sens qu’il fait le père !... Mais je m’arrête sur mon éloge du mariage, je reviens à la GPA !

Celle-ci est donc une révolution majeure pour la maternité, d’abord parce qu’elle est tellement émiettée, disloquée qu’elle en est démolie, ensuite parce que lien mère-enfant est nié en tant qu’essentiel, et arraché dans les faits, l’enfant étant séparé de sa mère. C’est donc aussi une révolution de la notion de maternité pour l’ensemble de la société. Révolution aux conséquences vertigineuses, à vrai dire inimaginables pour le moment.

10/
La GPA est également une pratique eugénique puisqu’elle est l’occasion de toutes les sélections, à toutes les étapes : sélection de la donneuse d’ovocyte, de la mère porteuse, le cas échéant du donneur de sperme, de l’embryon (avant l’implantation), du fœtus (quand il y en a plusieurs ou quand il est malade), etc.

On peut d’ailleurs, sans exagération aucune revenir au marché aux esclaves, que j’évoquais tout à l’heure. Sur ce marché, on examinait le corps et l’état de santé des intéressés. L’examen va même encore plus loin avec la GPA puisqu’il remonte à plusieurs générations (jusqu’aux arrières grands-parents des candidates) et qu’il est intrusif : analyses de sang, analyse génétique, tests QI… bref, tout y passe. Quant aux 9 mois de grossesse et à l’accouchement, ils sont tout aussi esclavagistes, la séparation d’avec son conjoint et ses enfants, le confinement pendant 9 mois, puis l’accouchement par césarienne étant imposés à la mère… J’ai d’ailleurs eu l’occasion de dire, il y a quelques mois, sur le Talk du Figaro, que la GPA consistait à inséminer des femmes comme on le fait des juments. Il y a eu un peu de buzz. Mais finalement, personne n’a pu contester ce constat et le début de polémique, comme je m’y attendais, s’est éteint tout seul !

11/ La GPA, enfin, est une pratique éminemment transhumaniste puisqu’elle donne en tout cas l’illusion d’augmenter l’Homme : elle fait croire à des couples de deux hommes ou à des couples infertiles qu’ils peuvent avoir un enfant. Et pire, elle leur fait même croire qu’ils ont droit à l’enfant à tout prix. Ce faisant, elle crée un appel d’air immense, cet appel d’air qui rend la lutte si difficile pour l’abolition de la GPA. En effet, allez dire à un couple en mal d’enfants qu’il y a une solution : aussi mauvaise soit-elle, ils se précipitent, pour la plupart d’entre eux.

A ce propos, un pro-transhumanisme m’a dit récemment : « rassurez-vous, nous aurons bientôt l’utérus artificiel – l’exogénèse -, il n’y aura plus de besoin de mères porteuses ». Et plus besoin de mère non plus ! Eh oui, l’un conduit à l’autre !

La GPA, on le voit, est l’archétype du délire prométhéen, de l’utopie de libéraux-libertaires qui utilisent la technique sans l’ombre d’un discernement, sans jamais réfléchir aux conséquences à court, moyen et long terme.

Le pro-transhumanisme que j’évoquais à l’instant m’a d’ailleurs écrit, il y a quelques jours, dans un sms, « Nous sommes dieu » ! Et le mot dieu, au singulier ! Tout est dit !

Je n’ai pas évoqué la GPA comme conséquence inéluctable du mariage de deux hommes, ce qu’elle est aussi, évidemment.

Et c’est bien pour toutes ces raisons que nous ne voulons ni du mariage de deux hommes ou de deux femmes, ni de la PMA, ni de la GPA ! Et nous ne lâcherons rien, jamais !

C’est pourquoi il faut agir, impérativement et urgemment
! (...)"

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