mardi 21 juillet 2015

GPA: ENTRETIEN AVEC LE VICE-PRESIDENT DU PCD

Par Edouard in Boulevard Voltaire

 « La France ne peut pas accepter que des enfants soient à vendre ! »

Entretien avec Franck Margain
Vice-président du Parti chrétien démocrate (PCD) ; conseiller régional. 

Entretien réalisé par Charlotte d’Ornellas

La Cour de cassation vient d’accepter que des enfants nés par GPA à l’étranger soient inscrits à l’état civil en France… Quelle a été votre réaction ?

Personnellement, j’ai ressenti une grande tristesse. Politiquement, un grand bouleversement. La question qui se pose désormais, au-delà même de cette décision, est inquiétante : qu’est-ce que nous allons faire du droit de l’enfant ?

Les avancées techniques sont telles que l’être humain va pouvoir faire de plus en plus de choses, et même fabriquer des enfants qui ne grandiraient pas in utero…

Cette décision est choquante à plusieurs titres, d’ailleurs : elle revient à dire que les femmes étrangères ont moins de valeurs que les femmes françaises, c’est incroyable. Il faut replacer le débat dans la réalité du sujet : on parle ici d’enfants qui sont à vendre. La loi Taubira a consacré le désir d’adultes en oubliant le droit des enfants. Je comprends le désir d’enfant, tout le monde peut le comprendre. Mais il est irresponsable de répondre à un désir adulte en utilisant des techniques scientifiques dramatique pour les enfants.


Tout le monde sait que tout se joue lors de la vie intra-utérine et pendant les premiers mois de la vie. Nous n’avons aucune conscience de ce que nous sommes en train d’accepter. Nous faisons de la mère ou du père biologiques de ces enfants des artifices, c’est parfaitement inconscient.

Manuel Valls affirmait, l’année dernière, qu’il était contre la GPA ; il est désormais bien muet…

C’est incroyable que le Premier ministre ne s’introduise pas contre l’acceptation de la GPA. La France est la mère patrie des droits de l’homme et elle devrait élever la voix contre les institutions internationales qui acceptent le commerce d’enfants et l’exploitation de l’homme par l’homme. Nous savons déjà que l’adoption est parfois compliquée, alors qu’elle résulte simplement de parents qui ne pouvaient assumer leurs enfants. Les enfants adoptés cherchent, la plupart du temps, à retrouver leurs parents biologiques : on ne peut pas nier la filiation biologique.

Que répondre à ceux qui affirment qu’il faut bien reconnaître ces enfants ?


Ces enfants ne sont pas en apesanteur ! Ils sont évidemment inscrits dans le registre de leurs pays. Les personnes qui ont recours à des mères porteuses violent volontairement la loi ! En légitimant leur démarche, la Cour de cassation légitime donc la violation du droit français.

Il y a une grande hypocrisie de la part des hommes politiques du gouvernement, mais également de la partie de la population qui refuse d’admettre que le sentimentalisme ne peut pas être le père du droit. Il faut dire aux Français que la pratique de la GPA consiste à louer un ventre pour assouvir un désir d’enfant, aussi compréhensible soit-il.

Que c’est également une pratique qui coûte très cher : ce sont des personnes riches qui exploitent donc le besoin d’argent de personnes pauvres et prêtes à louer leurs corps : c’est tout simplement une forme moderne d’esclavage. La loi n’est pas faite pour répondre à la tristesse des gens. Elle ne peut pas prendre le parti des désirs d’adultes contre les droits de l’enfant. Entre la fragilité de certains adultes et celle des enfants qui sont incapables de se défendre, j’ai choisi qui je voulais défendre. Et je ne peux encourager des pratiques qui poussent à vendre des enfants, ainsi qu’à les priver de père ou de mère.

Quelle solution imaginez-vous ?

Il faut commencer par abroger la loi Taubira qui contient, en germes, la PMA comme la GPA, contrairement à ce que prétendaient les défenseurs du mariage homosexuel. Mais il faut aller bien plus loin : il faut redéfinir le droit et l’adoption, mais également nous appuyer sur nos ambassadeurs pour encourager la pénalisation de ces pratiques partout dans le monde.

Nous aurons beau voter toutes les lois possibles, nous subissons malgré tout la mondialisation et il y aura toujours des Français pour aller acheter des enfants à l’étranger. Il faut donc faire pression sur toutes les institutions internationales également.

Le christianisme social a mis un terme au travail des femmes enceintes et à celui des enfants : où est la France quand des enfants sont à vendre ? Le problème est international : nous devons agir sur notre droit, sur notre législation, sur la Cour européenne des droits de l’homme, mais également dans le monde entier pour réintroduire de l’éthique dans un système mondial devenu ultralibéral : non, tout ne peut pas être vendu.



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