samedi 8 février 2014

LES CROYANTS DOIVENT PARTICIPER AU DEBAT

Par Edouard
lettre de Mgr Jean-Michel di Falco Léandri
Évêque de Gap et d’Embrun
 Bonjour,

> > « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. » Voilà ce que nous pouvons lire dans l’article XI de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.

> > « Mêlez-vous de ce qui vous regarde », « Vous feriez mieux de vous occuper de vos ouailles », « Votre regard est biaisé de par votre religion », « Nous sommes dans un pays laïc alors laissez-nous tranquille avec vos histoires ». Au regard de ces quelques interpellations parmi tant d’autres qui me parviennent régulièrement à la suite de ces chroniques, je me demande parfois si le droit, cette liberté d’expression, n’est réservé qu’aux non-croyants.


> > Ainsi, les croyants et pire un homme d’Église comme moi, nous n’aurions pas le droit, au nom, d’une certaine conception de la laïcité, de parler du mariage, du racisme, de l’euthanasie, des élections, de l’environnement, de la situation sociale, de la vie et de bien d’autres sujets. Non pas pour tenter d’imposer une façon de penser mais pour apporter une contribution aux débats, pour faire entendre notre point de vue. Alors pourquoi n’en aurions-nous pas le droit ? Parce ce que notre opinion dérange ? Parce qu’elle n’est pas en accord avec une certaine idéologie ? Ou bien parce que nous sommes incompétents ? Parce que nous serions des citoyens de catégorie inférieure ? Parce que notre foi nous imposerait un prêt à penser ? Et sur ce plan-là, d’ailleurs, nous ne saurions pas les mieux placés. Et si c’était tout simplement, parce que nous sommes croyants que nous devrions nous taire.

> > Au passage, je cite cette parole du Christ : « Si mes disciples se taisent, ce sont les pierres qui crieront. » (Luc 19, 40)

> > Au risque de faire peur à certains, je dois vous dire que les croyants font partie à part entière de la société et sont partout autour de vous. Votre boulanger est peut-être croyant. Votre voisin fréquente peut-être l’Église, la mosquée ou la synagogue ; le journaliste que vous lisez ou regardez dans les médias, le banquier à qui vous avez confié votre argent… J’ai presque des frissons quand je pense que votre médecin récite peut-être une prière le matin ou le soir, ou que le maire ou le député que vous avez élu s’est marié à l’église. Pourtant eux aussi ont des opinions et les expriment. Ces opinions sont le résultat des connaissances, des expériences, des rencontres, du savoir et aussi des croyances, quelles qu’elles soient.

> > C’est ce que nous rappelle le pape François : « Personne ne peut exiger de nous que nous reléguions la religion dans la secrète intimité des personnes, sans aucune influence sur la vie sociale et nationale, sans se préoccuper de la santé des institutions de la société civile, sans s’exprimer sur les événements qui intéressent les citoyens. Qui oserait enfermer dans un temple et faire taire le message de saint François d’Assise et de la bienheureuse Teresa de Calcutta ? Ils ne pourraient l’accepter. Une foi authentique – qui n’est jamais confortable et individualiste – implique toujours un profond désir de changer le monde, de transmettre des valeurs, de laisser quelque chose de meilleur après notre passage sur la terre. » (Evangelii Gaudium, n. 183)

> > Alors, si les croyants ne peuvent pas apporter leur pierre à la réflexion sur les grands débats de société dont ils sont membres, je ne vois que deux solutions.

> > Soit nous devenons schizophrènes dans nos paroles en sélectionnant ce qu’on peut dire à l’un et ce qu’on ne peut pas dire à l’autre. Soit tous les croyants se taisent et il ne restera plus qu’un milliard de personnes sur les 7 milliards que compte notre planète pour parler entre elles.  

> > À bientôt.



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